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Gilead : arrêtez de bloquer l’accès aux traitements de l’hépatite C

Des milliers de militants exhortent le laboratoire à modifier sa politique d’accès à la veille de l’assemblée annuelle des actionnaires

New York, le 5 mai 2015 - À la veille de la réunion annuelle des actionnaires du laboratoire pharmaceutique Gilead Sciences, des milliers de personnes vivant avec le virus de l’hépatite C (VHC) et le VIH, des professionnels de santé et des militants de l’accès aux médicaments interpellent Gilead. Ils demandent au laboratoire de modifier sa politique qui prive de traitement des millions de personnes vivant dans les pays en développement.

« Gilead doit cesser immédiatement de bloquer l’accès aux traitements génériques abordables de l’hépatite C et abolir les mesures d’ "anti-détournement" qui violent les droits des patients », a déclaré Othman Mellouk de l’International Treatment Preparedness Coalition.

Avec au moins 150 millions de personnes vivant avec la maladie, l’hépatite C est un problème mondial de santé publique - déclarée « bombe virale à retardement » par l’Organisation mondiale de la Santé. Non traitée, l’hépatite C peut évoluer vers la cirrhose, l’insuffisance hépatique et le cancer du foie. Chaque année, au moins 700 000 personnes meurent de complications dues au VHC - bien qu’elles pourraient être facilement guéries en 3 à 6 mois. Mais la plupart des gens n’ont pas accès aux antiviraux à action directe (AAD) sofosbuvir et ledipasvir, commercialisés par Gilead sous les noms Sovaldi et Harvoni (combinaison sofosbuvir+ledipasvir). En effet, ces médicaments sont vendus à des prix exorbitants, et de nombreux pays en développement sont exclus du programme d’expansion du traitement de Gilead.

Le sofosbuvir, qui coûte 84 000 dollars aux États-Unis, est trop cher même pour les pays à revenu élevé. Pourtant, l’Université de Liverpool a publié une étude selon laquelle 12 semaines de sofosbuvir, produit en grandes quantités, pourraient être commercialisés pour seulement 101 dollars.

Gilead a signé des accords de licence avec 11 producteurs indiens de génériques qui limitent le nombre de pays dans lesquels des génériques du sofosbuvir et du ledipasvir peuvent être vendus. L’épidémie de VHC est très majoritairement concentrée dans les pays à revenu intermédiaire, qui abritent la majorité des personnes vivant avec moins de 1,50 dollars par jour. Pourtant, Gilead empêche que des traitements génériques abordables soient vendus dans 51 pays à revenu intermédiaire (où vivent 49 millions de personnes malades de l’hépatite C) car le laboratoire considère ces pays comme des marchés lucratifs.

« Bien que Gilead engrange des profits records sur ses médicaments VHC (12,4 milliards de dollars en 2014), ils refusent de fournir des traitements vitaux abordables à 49 millions de personnes », a déclaré Karyn Kaplan du Treatment Action Group.

Il est largement admis que la libre concurrence entre producteurs de génériques est la stratégie la plus efficace pour réduire le prix des médicaments. Pourtant, les licences volontaires de Gilead restreignent les sources d’achat des matières premières, dictent où les versions génériques peuvent être vendues, et imposent des barrières à l’accès pour les patients --- tout cela pour protéger leurs profits.

« Gilead pourrait prendre des mesures dès maintenant pour faire progresser la santé publique et permettre à des millions de personnes d’être guéries de cette maladie », a déclaré le Dr Jennifer Cohn, directrice médicale de la Campagne d’Accès aux Médicaments Essentiels de Médecins Sans Frontières. « Au lieu de cela, ils gonflent artificiellement les prix de leurs médicaments et créent des obstacles supplémentaires à l’extension de l’accès aux traitements – au prix de la vie des gens. »

En outre, Gilead exige de ses licenciés de mettre en place des mesures dites « d’anti-détournement ». Les patients doivent prouver leur citoyenneté, fournir leurs dossiers médicaux et accepter d’être suivis. Ils doivent retourner leurs bouteilles vides de pilules sur une base bi-hebdomadaire ou mensuelle, et dans certains cas fournir des informations relatives à leur suppression virale pour obtenir la prochaine bouteille. Ces mesures violent la confidentialité et l’autonomie des patients, elles s’immiscent dans les relations médecin-patient et pharmacien-patient, et risquent de compromettre l’observance et l’issue du traitement. Un tel programme, avec pour unique facteur de motivation l’intérêt commercial, est sans précédant.

« A l’instar de Gilead qui déclare défendre fermement ses droits de propriété intellectuelle, nous allons défendre fermement les droits humains de ceux qui ont besoin d’accéder à ces médicaments », a déclaré Vikas Ahuja, Président du Réseau des personnes séropositives de Delhi (DNP +).

Une pétition présentée aujourd’hui à Gilead déclare :

« Nous, des milliers de personnes atteintes du VHC, nos alliés et nos médecins, exhortons Gilead à améliorer immédiatement les conditions d’octroi de ces licences et soutenir l’accès aux traitements à un coût abordable en prenant les mesures suivantes :

  • Etendre la couverture géographique des licences afin d’inclure les 51 pays à revenu intermédiaire qui sont actuellement exclus ;
  • Supprimer les restrictions sur la production et l’approvisionnement des ingrédients pharmaceutiques actifs (API) du sofosbuvir. Le coût de l’API est fortement lié au coût du produit final offert par les compagnies génériques ; et
  • Modifier les exigences anti-détournement non-éthiques pour s’assurer qu’elles ne limitent pas l’accès des patients. »

Nous croyons en l’accès équitable aux traitements vitaux pour tous ceux qui en ont besoin.

International Treatment Preparedness Coalition - Treatment Action Group - Médecins Sans Frontières - Initiative for Medicines, Access & Knowledge - Global Health Justice Partnership, Yale University - Health Gap - Médecins du Monde

Contacts :

Health GAP :
Brook Baker, B.Baker@neu.edu + 1(617) 259 0760 (Boston)

Initiative for Medicines, Access & Knowledge (I-MAK) :
Priti Radhakrishnan, priti@i-mak.org +1 (917) 703 2876 (California)

International Treatment Preparedness Coalition (ITPC) :
Othman Mellouk, omellouk@itpcglobal.com + 212 (0)6 66 45 28 11 (Morocco)

Médecins du Monde (MdM) :
Lisa Veran, lisa.veran@medecinsdumonde.net + 33 (0) 6 09 17 35 59 (Paris)

Médecins Sans Frontières (MSF) :
Sandra Murillo, sandra.murillo@newyork.msf.org + 1 (212) 763 5765 (New York)

Treatment Action Group (TAG) :
Karyn Kaplan, karyn.kaplan@treatmentactiongroup.org + 1 (646)-316-8979 (New York)

Global Health Justice Partnership, Yale University :
Gregg Gonsalves, gregg.gonsalves@yale.edu + 1 (203) 606 9149 (New York)

Sur le même sujet :

 Lien vers la pétition : http://www.petitionbuzz.com/PETITIONS/HEPC

 Accès équitable aux médicaments VHC - Pétition pour stopper le programme anti-détournement de Gilead qui viole les droits des médecins et des patients pour protéger ses profits.

 Plus d’informations sur les coûts minimaux de production des AADs :
van de Ven, N., Fortunak, J., Simmons, B., Ford, N., Cooke, G. S., Khoo, S. and Hill, A. (2015), Minimum target prices for production of direct-acting antivirals and associated diagnostics to combat hepatitis C virus. Hepatology, 61 : 1174–1182. doi : 10.1002/hep.27641

 Licence de Gilead sur les médicaments VHC sofosbuvir et ledipasvir : un marché de dupes !

 Plus d’informations sur la licence volontaire de Gilead (Anglais) :
http://www.msfaccess.org/content/fact-sheet-gileads-chronic-hepatitis-c-treatment-restrictions

 Plus d’informations sur les mesures « anti-détournement » de Gilead (Anglais) :
http://www.msfaccess.org/content/barriers-access-and-scale-hepatitis-c-hcv-treatment-gileads-anti-diversion-program