Actualités Communiqués de presse
AIDS 2014 : des activistes font un die-in pour protester contre le prix excessif du médicament de Gilead contre l’hépatite C
"Les médicaments pour l’hépatite C sont hors d’atteinte et hors de prix", Michel Sidibé, Onusida
MELBOURNE, AUSTRALIE, le 24 juillet 2014 – Lors de la 20e conférence internationale sur le sida, des activistes ont fait un die-in pour protester contre les prix exorbitants du Solvaldi (sofosbuvir), le nouveau médicament de Gilead contre le virus de l’hépatite C (VHC).
Au moment où Gregg Alton, vice-président exécutif de Gilead et des affaires médicales, intervenait, des activistes lui ont apporté un foie sur un plateau d’argent en chantant "Pills cost money, greed costs lives", "shame, shame, shame", et "Pharma greed kills". Sur leurs pancartes on pouvait lire : "Wanted : Crimes Against Access" ; "Hep C criminal", avec pour fond sonore la chanson de O’Jay’s "For the love of money".
Dans le monde, au moins 150 millions de personnes ont une hépatite C chronique. Alors que cette maladie est curable, elle tue 500 000 personnes chaque année. L’hépatite C affecte particulièrement les personnes usagères de drogues et est très répandue dans les pays à revenu faible et intermédiaire.
Quelques mois de traitement (incluant du Sovaldi) permettent la guérison de l’hépatite C. Mais Gilead demande des prix de vente allant de 84 000 à 168 000 dollars US aux Etats Unis ; les prix étant similaires en Europe. Le Sovaldi est indisponible et inabordable dans les pays à revenu faible et intermédiaire, et l’accès reste limité dans les pays à haut revenu.
Le Sovaldi doit être utilisé avec d’autres médicaments contre l’hépatite C, ce qui rend les traitements encore plus onéreux. Pourtant, d’après des chercheurs de l’université de Liverpool [1], ces médicaments peuvent être produits à grande échelle sous leur forme générique pour une centaine de dollars pour un traitement complet.
Gregg Alton défend le prix du Sovaldi soutenant que le traitement avec du sovaldi est moins cher qu’une greffe du foie. Mais la plupart des personnes vivant avec le virus de l’hépatite C n’ont même pas été diagnostiquées et n’ont aucun espoir de bénéficier d’une greffe du foie. "Les prix exorbitants tueront des gens, quelle que soit la maladie - VIH, hépatite, ou cancer" dit Edo Agustian, un activiste indonésien co-infecté par le VIH et le VHC.
Entre mythe et réalité : les prix du sofosbuvir imposés par Gilead
1. MYTHE : "Le prix du médicament doit être élevé pour que Gilead puisse amortir ses investissements."
FAIT : Gilead a déjà vendu pour 3 milliards de dollars de sofosbuvir ; les ventes vont bientôt dépasser ses investissements.
2. MYTHE : "Les prix pratiqués par Gilead sont plus avantageux puisque moins élevés qu’une greffe du foie."
FAIT : Prêt de 500 000 personnes meurent chaque année de l’hépatite C ; la plupart des personnes vivant avec l’hépatite C dans le monde n’auront même pas l’espoir de pouvoir bénéficier d’une greffe du foie. Les prix des médicaments doivent être fixés pour que les personnes qui en ont besoin y aient accès - et non sur une comparaison avec d’autres inventions.
3. MYTHE : "Gilead a déjà fait beaucoup pour améliorer l’accès au sofosbuvir pour les plus pauvres dans le monde - et a baissé ses prix aussi bas que possible."
FAIT : Le prix du sofosbuvir est de 1 000 dollars par jour aux États-Unis. Gilead pourrait rentabiliser son investissement selon un certain volume de ventes tout en rendant son médicament accessible. Les économistes de la santé estiment que le sofosbuvir peut être produit sous forme générique pour moins de 1 dollars US par jour - un modèle qui inclut des profits raisonnables pour les fabricants de médicaments génériques.
4. MYTHE : "Le sofosbuvir sera disponible partout."
FAIT : Gilead est en train d’accorder des licences d’exploitation qui limitent l’accès et maintiennent des prix trop élevés pour la plupart des personnes dans le monde.
5. MYTHE : "Les gouvernements peuvent payer pour le sofosbuvir."
FAIT : Même dans les pays à haut revenu, le prix imposé par Gilead est totalement inabordable. Des études montrent qu’acheter du sofosbuvir reviendrait à mettre en faillite les budgets de santé et d’éducation publiques.
Contacts (Melbourne) :
Karyn Kaplan, Treatment Action Group (TAG)
E-mail : karyn.kaplan@treatmentactiongroup.org/Mobile : +1.646.316.8979
Niklas Luhmann, Médecins du Monde, France
E-mail : niklas.luhmann@medecinsdumonde.net/Mobile : : +33-7-86975185
[1] Hill, A, et al. Minimum target prices for production of treatment and associated diagnostics for hepatitis C in developing countries (Poster LBPE12). International AIDS Conference ; 2014 July 20–25 ; Melbourne, Australia.