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Sommet mondiale des hépatites : PAS D’ÉLIMINATION SANS DÉPÉNALISATION !

18 organisations de la société civile appellent les dirigeants mondiaux à promouvoir la réduction des risques et décriminaliser l’usage des drogues

São Paulo, Brésil – 2 Novembre 2017.

À l’occasion du second Sommet mondial des hépatites de São Paulo, une large coalition d’organisations de personnes usagères de drogues, patients, soignants, chercheurs et experts en santé publique rappelle que l’élimination des hépatites virales ne sera réalisable que par l’accès effectif des personnes usagères de drogues aux services de prévention et aux traitements. Une déclaration commune a été publiée ce jeudi 2 novembre 2017 au Sommet mondial.

Les personnes qui s’injectent des drogues sont particulièrement exposées au risque du virus de l’hépatite C, avec un quart des nouvelles infections liées au partage d’équipements d’injection non stérilisés. Pourtant, leur accès aux services de prévention et traitement demeure bien loin des objectifs cibles de l’OMS, compromettant de ce fait l’objectif affiché d’élimination des hépatites virales à l’horizon 2030.

La communauté engagée dans la lutte contre les hépatites virales appelle les dirigeants mondiaux à augmenter immédiatement l’accès aux services de réduction des risques et réformer la criminalisation des politiques des drogues qui font obstacle à l’accès aux services de santé. Vous pouvez lire en format pdf ci dessous la Déclaration présentée ce jour lors du Sommet mondial des hépatites.

SIGNEZ LA DÉCLARATION > https://goo.gl/forms/Y8TOrUebkfkpTx2m2

Déclaration de la Communauté des Hépatites virales : pas d’élimination sans décriminalisation !

Nous, membres et représentant·e·s des organisations engagées dans la lutte contre les hépatites virales, réunissant des personnes vivant avec l’hépatite virale, des médecins, infirmier·ère·s, travailleur·euse·s sociaux·ales, chercheur·se·s, expert·e·s en santé publique et personnes usagères de drogues – exprimons notre inquiétude quant au décalage croissant entre l’impact immense des épidémies d’hépatites B et C sur les personnes usagères de drogues, et leur accès quasi-inexistant aux services de prévention, de diagnostic et de traitement, à l’échelle mondiale.

Le partage des seringues et autres matériels d’injection non-stérile expose les personnes usagères de drogues à d’importants risques d’infection par le virus de l’hépatite B ou de l’hépatite C. Au niveau mondial, on estime actuellement que parmi les 15,6 millions de personnes qui s’injectent des drogues, 52% sont positives aux anticorps de l’hépatite C et 9% vivent avec une hépatite B chronique1. En matière de santé publique et de droits humains, améliorer l’accès à la prévention et au traitement de l’hépatite C pour les personnes usagères de drogues est essentiel pour réduire le nombre de contaminations et venir à bout de l’épidémie, dans la mesure où le partage du matériel d’injection est estimé responsable de 23% des nouvelles infections à ce virus.

L’accès aux programmes d’échange de seringues à bas seuil, aux thérapies de substitution aux opiacés, au traitement de l’hépatite C et autres interventions de réduction des risques est essentiel pour réduire le nombre de nouvelles infections et la prévalence chez les personnes usagères de drogues. Par ailleurs, ces initiatives sont économiquement rentables. En 2016, les États membres de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) ont adopté la première Stratégie mondiale en santé sur l’hépatite virale, qui désigne la réduction des risques comme l’une des cinq actions clés nécessaires pour atteindre l’objectif fixé d’élimination de l’hépatite virale dans le monde d’ici 2030.

Malgré les données probantes et recommandations de l’OMS, les services complets de réduction des risques restent inaccessibles à la plupart des personnes usagères de drogues dans le monde. En 2017, parmi les 179 pays et territoires où un usage de drogue par voie intraveineuse a été observé, seuls 86 (48%) mettent en place des thérapies de substitution aux opiacés, et 93 (52%) des programmes d’échange de seringues. En outre, les couvertures nationales et régionales de ces services varient substantiellement et sont le plus souvent en-dessous des indicateurs recommandés par l’OMS ; moins de 1% des personnes qui s’injectent des drogues vivent dans des pays avec une large couverture de ces interventions. Lorsque ces services existent, les personnes usagères de drogues font face à des difficultés d’accès à la prévention et au traitement de l’hépatite C, du fait de leur accès limité aux services de santé, de leur exclusion à travers des critères de prise en charge, des menaces de violences et d’abus quand leur statut d’usager·ère de drogue est révélé, et de la stigmatisation générale à leur égard. En conséquence, l’épidémie d’hépatite C continue de croitre parmi les personnes usagères de drogues.

Ce manque d’accès aux soins de l’hépatite pour ces personnes est directement lié à nos lois et politiques qui pénalisent l’usage, la détention de drogues ainsi que les personnes usagères de drogues elles-mêmes. L’application de la loi répressive sur les drogues est un obstacle direct aux services de réduction des risques, et ce pour plusieurs raisons :
 L’interdiction de la détention de matériel de consommation de drogues porte entrave aux services de réduction des risques ainsi qu’à l’accès à ces services par les personnes usagères de drogues ;
 Plusieurs lois nationales imposent des peines de prison sévères et disproportionnées pour les délits mineurs et non-violents (tels que l’usage de drogues, la détention et la vente en petite quantité) ;
 Les personnes usagères de drogues sont fréquemment incarcérées ou arrêtées de façon extrajudiciaire, ce qui conduit souvent à l’interruption des traitements médicaux, au non-accès aux services de prévention et autres services de réduction des risques, et les expose à un risque plus élevé d’infection à l’hépatite ;
 Les politiques pénalisant l’usage des drogues véhiculent des stéréotypes et des idées négatives concernant les personnes usagères de drogues, renforçant ainsi leur stigmatisation et la discrimination.

Dans les pays ayant intégré la réduction des risques au sein des politiques nationales de santé publique, la pénalisation demeure un plafond de verre à l’accès aux soins ; la peur d’être arrêté écartant les personnes des services de prévention et de soins.
Dans un certain nombre de pays, tels que le Portugal et la République Tchèque, les délits liés à la drogue ont été dépénalisés depuis des années, avec pour résultat des améliorations significatives en matière de santé publique. Ces changements de politique ont permis d’augmenter l’accès aux services de réduction des risques et de santé pour les personnes usagères de drogues – contribuant ainsi à diminuer le nombre de nouvelles infections par le VIH, ainsi que les dommages liés à la dépendance aux drogues.

Tandis que nos législations et politiques de lutte contre les drogues sont présentées comme nécessaires à la préservation de la santé et de la sécurité publiques, l’expérience et les données scientifiques démontrent qu’elles ont conduit à des violations des droits humains inutiles et disproportionnées : violence, maladie, discrimination et dégradation des droits des personnes à la santé notamment. La nécessité de réformer les lois et politiques sur les drogues, en se basant sur les données scientifiques, est aujourd’hui reconnue par un nombre croissant de dirigeants mondiaux, d’experts en santé publique, l’OMS ainsi que d’autres agences des Nations Unies. Tous préconisent la dépénalisation des délits mineurs et non-violents liés aux drogues ainsi que le renforcement des alternatives aux sanctions pénales orientées sur la santé.

Nous, personnes engagées dans la lutte contre l’hépatite virale, soutenons l’engagement des États membres de l’OMS à atteindre l’objectif d’éliminer l’hépatite virale d’ici 2030. C’est pourquoi nous enjoignons les dirigeants politiques mondiaux à éliminer toutes les barrières qui empêchent les personnes usagères de drogues d’accéder aux services de prévention et de traitement. Cela inclut de réformer les lois, les procédures d’application des lois et les critères discriminatoires qui entravent l’accès à ces services, y compris la pénalisation des délits mineurs et non-violents liés aux drogues. Il est urgent d’adopter une approche fondée sur la promotion de la santé publique, le respect des droits humains et les données scientifiques.

SIGNEZ LA DÉCLARATION ->https://goo.gl/forms/Y8TOrUebkfkpTx2m2

Signataires :

Acción Semilla – Bolivie
AIDES – France
AIDS Foundation East West (FEW) – Pays-Bas
Aidsfonds – International
Alliance for Public Health – Ukraine
APDES – Portugal
Apoyo Positivo – Espagne
Asia Catalyst – Asie
Asociacion Costarricense de Estudios e Intervencion en Drogas (ACEID) – Costa Rica
Association for Humane Drug Policies – Norvège
Association Guyanaise de Réduction des Risques – France
Association of HIV affected women and their families "Demetra" – Lituanie
BrugerForeningen / The Danish Drug Users Union – Danemark
Bus 31/32 : Csapa & Caarud – France
Canadian HIV/AIDS Legal Network – Canada
Coalition PLUS – International
Conectas – Brésil
Correlation Network – Europe
Danish AIDS-Foundation – Danemark
Drug Policy Alliance – Etats-Unis
Drug Reform Coordination Network (DRCNet) – Etats-Unis
European AIDS Treatment Group (EATG) – Europe
European Network of People Who Use Drugs – Europe
Eurasian Harm Reduction Association – Lituanie
FAAAT Think & do tank – Paris/Barcelone
Fedito Bxl - Drugs & Addictions in Brussels – Belgique
Foundation for Social Policy PREKURSOR – Pologne
Georgian Community Advisory Board (GeCAB) – Géorgie
Georgian Network of People who Use Drugs (GeNPUD) – Géorgie
Global Network of People Living with HIV (GNP+) – International
Groupe Sida Genève – Suisse
Grupo de Ativistas em Tratamentos (GAT) – Portugal
Harm Reduction International (HRI) – International
Hepatitis C Mentor and Support Group (HCMSG) – Etats-Unis
Hepatitis Education Project – Etats-Unis
Intercambios Asociacion Civil Argentina – Argentine
International AIDS Society (IAS) – International
International Centre for Science in Drug Policy – International
International Committee on the Rights of Sex Workers in Europe (ICRSE) – International
International Drug Policy Consortium (IDPC) – International
International HIV Partnerships (IHP) – International
International HIV/AIDS Alliance – International
International Network for Hepatitis in Substance Users (INHSU) – International
International Network of People Who Use Drugs (INPUD) – International
International Treatment Preparedness Coalition (ITPC) – International
Italian League for Fighting AIDS (LILA) – Italie
ITPC MENA – Afrique du Nord et Moyen Orient
Kirby Institute for Infection and Immunity – Australie
Life Quality Improvement Organisation (FLIGHT) – Croatie
Mainline – Pays-Bas
Médecins du Monde (MdM) – International
Mistlestoes Community Health and Right Initiatives – Nigeria
New Vector – Géorgie
Open Society Foundation (OSF) – International
Pacific Hepatitis C Network - Canada
Plateforme Stop1921 – Belgique
Positive Malaysian Treatment Access & Advocacy Group (MTAAG+) – Malaisie
Positive Voice – Grèce
Prévention Information Lutte contre le Sida (PILS) – Ile Maurice
Release – Grande-Bretagne
Romanian Association Against AIDS (ARAS) – Roumanie
Stephen Malloy Training & Consultancy Ltd – Ecosse
Students for Sensible Drug Policy Australia – Australie
Treatment Action group (TAG) – Etats-Unis
Unión de Asociaciones y Entidades de Atención al Drogodependiente (UNAD) – Espagne
World Hepatitis Alliance (WHA) – International
Youth RISE – International