Lutte contre l’hépatite C : le Pakistan sur le chemin de la réussite
Le Sommet mondial contre l’hépatite à Sao Paulo, Brésil en novembre 2017 a permis d’analyser la stratégie mondiale du secteur de la santé en matière de lutte contre l’hépatite pour la période 2016-2020. La communauté internationale a demandé aux pays d’intensifier leurs efforts pour éliminer cette maladie à l’horizon 2030, à l’aide d’interventions innovantes, cohérentes et appuyées par de la recherche approfondie. En 2015, la pandémie virale de l’hépatite a causé la mort d’environ 1,4 millions de personnes en 2015 et n’a pourtant pas reçu une attention adéquate de la part des bailleurs et des décideurs politiques. Un éditorial de The Lancet a attiré l’attention sur cette inaction et de nouvelles données montrent que les actions ont été fragmentées et insuffisantes. Seulement 82 pays, dont le Pakistan, ont adopté des stratégies afin d’éliminer l’hépatite virale d’ici 2030.
Récemment, le gouvernement pakistanais a lancé son premier cadre stratégique national contre l’hépatite C (NHSF) pour la période 2017-2021, suivant de près la stratégie mondiale du secteur de la santé (OMS) relative à l’hépatite C et tout en l’adaptant aux ressources limitées du Pakistan et au fardeau considérable des maladies. Le Pakistan possède la deuxième plus forte prévalence au monde de l’hépatite C, derrière l’Égypte, avec 5% de la population vivant avec le virus et la plupart de ces personnes ne connaissent pas leur statut d’hépatite. A cause de diagnostic tardifs, les maladies progressent, ce qui augment les maladies chroniques du foie, de cirrhose, du cancer du foie. Les maladies ou les décès des personnes ont un impact économique sur le pays étant donné que les personnes ne sont plus en capacité de poursuivre leurs études, d’aller au travail ou de contribuer au développement économique du pays. Les coûts du traitement et de soin des personnes dont la maladie est à un stage avancé influencent également le budget et la capacité du système de santé. La consommation de drogue par injection est un risque majeur de transmission à travers le monde. Dans le cas du Pakistan, l’utilisation des seringues non stérilisées a été identifiée comme étant le principal vecteur de la progression de l’épidémie.
Afin de répondre à l’épidémie, le Pakistan a introduit de nouveaux antiviraux à action directe pouvant soigner jusqu’à 90% de la population en 2/3 mois et a également rendu disponible le générique du sofosbuvir à 15 dollars pour 400 mg, le prix le plus faible au monde. (Les anciens traitements comme le pegylated, interferon, ribavirin et la première génération des antiviraux à action directe font partie des recommandations nationales mais les nouveaux AADs sont recommandés pour leur efficacité et tolérabilité). Par conséquent, le nombre de personne bénéficiant d’un traitement contre le VHC a presque doublé. La prévention est placée au cœur de la stratégie du Pakistan dans l’élimination de l’hépatite C, notamment à travers la mise en place de programmes de dépistage et de prévention. Ce premier cadre stratégique a aussi adopté une politique veillant à ce que 90% des seringues utilisées dans le secteur de la santé soient autobloquantes, ce qui signifie qu’elles ne peuvent pas être utilisées plus d’une fois. Désormais, le gouvernement du Pakistan assure la gratuité du diagnostic, du traitement, des soins et de l’accès aux médicaments par voie orale pour les patients atteints d’hépatite dans toutes les provinces.
Malgré la vision audacieuse et la volonté politique du Pakistan, il reste encore un long chemin à parcourir. En ce sens, le Pakistan doit mettre en oeuvre le cadre stratégique de façon plus soutenable et efficace, notamment en renforçant les mécanismes de suivi et d’évaluation du NHSF, en assurant la sécurité des professionnels de santé et en rendant facilement accessible les traitements aux communautés les plus marginalisées. Ceci inclut la couverture universelle de santé pour tou.te.s au Pakistan.
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