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Nouvelles recommandations de l’AFEF pour l’élimination de l’infection par le virus de l’hépatite C en France

L’Organisation Mondiale de la Santé a fixé comme objectif pour 2030 l’élimination de 90% des nouvelles infections par le VHC associée à une réduction de la mortalité liée au VHC de 65%. En France, l’Association Française des Hépatologues (AFEF) qui rassemble l’ensemble de la communauté scientifique française impliquée dans les pathologies du foie, estime que cette élimination est possible avant 2025.

Pour atteindre cet objectif de santé publique, l’AFEF a publié en mars 2018 de nouvelles recommandations impliquant des mesures simultanées qui s’articulent autour de deux axes prioritaires :

La prise en charge des patients par l’ensemble des médecins et dispensation en officine des traitements de l’hépatite C

Un des points clés du document formulé par AFEF est le parcours de prise en charge simplifié destiné aux médecins généralistes qui, pour l’heure, ne sont pas autorisés à prescrire les antiviraux à action directe (AAD). Ce parcours simplifié est destiné aux patients qui ne sont ni coïnfectés par le VIH et/ou le VHB, ni insuffisants rénaux sévères, ni alcooliques et sans traitement antiviral C antérieur. Selon le protocole proposé, les médecins généralistes doivent demander la réalisation d’une charge virale pour confirmer l’infection, et mesurer l’élasticité hépatique. Au delà de certaines valeurs fixées par l’association, l’atteinte hépatique est jugée trop importante pour un traitement non supervisé par un spécialiste.

• Le dépistage de chaque adulte au moins une fois dans sa vie et prise en charge à 100% de tous les tests

Dans ce document, l’AFEF renouvelle son plaidoyer en faveur d’un dépistage généralisé de l’hépatite C et préconise l’amélioration et l’extension du dépistage, sans prise en compte des facteurs de risque ou de l’âge. Ici l’AFEF diverge avec SOS Hépatites qui pour leur part plaident pour un dépistage organisé à partir de 50 ans ; une « perte de chance » selon l’AFEF. Cet accord s’accompagne d’une baisse de prix du traitement de référence Epclusa de 33 %. Ces prix publics seront alignés sur celui de Maviret : 28 700 euros pour une cure complète. Avec de tels prix « on est coût efficace, car on évite des comorbidités, des cancers et des greffes », commente le Pr Christophe Bureau de l’AFEF.

La publication de ces recommandations coïncide avec l’annonce d’un accord entre le comité économique des produits de santé (CEPS) et le laboratoire Gilead permettant la disponibilité de Sovaldi (sofosbuvir), Harvoni (lédipasvir, sofosbuvir), Epclusa (sofosbuvir, velpatasvir) et le futur traitement pangénotypique Vosevi (sofosbuvir, velpatasvir et voxilaprévir) en pharmacie d’officine et plus seulement en pharmacie à usage intérieur. Ce qui est déjà le cas du Maviret.

Pour illustrer ces recommandations, l’AFEF a réalisé deux tutoriels vidéos. Vous pouvez visionner la version courte ici et la version longue ici.

Médecins du Monde se réjouit de cette simplification de la prise en charge, notamment pour les médecins généralistes et appelle à intensifier les efforts vers la décentralisation des traitements. En effet, il est urgent d’améliorer l’accès au traitement et au diagnostic des personnes usagères de drogues y compris les plus vulnérables.

Voir le texte complet des recommandations ci-dessous